Le Baume Pérou – El Salvador


Le Salvador est l’unique pays producteur de la résine de Baume Pérou dans le monde. Je suis alors parti dans ce nouveau pays avec l’équipe de sourcing de Nelixia ainsi qu’une anthropologue durant une semaine, à la découverte des plantations du Baume Pérou. Ce fût une expérience incroyable d’aller à la rencontre de ces producteurs du Peru Balsam, de mieux comprendre leur quotidien et leurs problématiques, d’évoluer à travers les arbres et observer la récolte en direct, jusqu’à la presse directement chez le producteur !


Découverte des plantations en forêt


         


Après 30 minutes à l’arrière d’un pick-up, nous nous enfonçons dans la jungle Salvadorienne. Sur le bord du chemin de terre, j’aperçois alors mon premier arbre de baume Pérou (Myroxylon balsamum) ! Mes narines s’ouvrent et captent la moindre odeur venant à moi, puis tout à coup ça y est : cette odeur vanillée baumée, métallique et épicée arrive jusqu’à mon nez ! Un véritable plaisir d’être présent au milieu de cette jungle, entouré petit à petit que l’on avance par une multitude d’arbres au nectar précieux !



Le chemin terreux nous amène alors sur le terrain d’un producteur, avec sa maison au cœur de la jungle. Après un accueil chaleureux, nous échangeons pendant plus d’une heure avec les différents producteurs de la région venus assister à cette réunion avec l’équipe de sourcing de Nelixia. J’ai alors l’occasion de présenter mon projet ainsi que le métier de parfumeur et l’utilisation qu’il va avoir du Baume Pérou dans la composition de parfums.

Le producteur qui nous a accueilli m’amène ensuite voir les plantations à côté de sa maison. Je découvre alors une multitude d’arbres , hauts de 15 à 20 mètres, des tissus rectangulaires posés à différents endroits sur chaque arbre. Se dégage alors une puissante odeur baumée vanillée, avec des facettes verte et métallique accompagnée de notes épicées eugenol et cinnamique.



La récolte du Baume Pérou

En évoluant à travers les arbres de la plantation, je découvre alors un jeune homme de 18 ans, pieds nus, perché à 10m de haut et maintenu par une simple corde entourée autour du tronc et de sa taille. Il est en train de gratter et récolter l’écorce de l’arbre, et récupérer également certains des tissus imprégnés sur l’arbre.


Tout en regardant ce jeune homme virevolter sur l’arbre, le producteur m’explique toute la démarche de la récolte.


○ Étapes de la récolte

2 récoltes principales ont lieu dans l’année : entre octobre et novembre, et de mai à juin. La récolte a également lieu entre juin et octobre, mais est moins importante.

• La première étape consiste à brûler le tronc de l’arbre à différents endroits, en répartissant les zones de brûlage pour laisser l’arbre se régénérer. On ne récolte que sur les arbres en bonne santé et possédant un diamètre (DHP) supérieur à 30cm.



• 5 jours après avoir brûlé le tronc, la personne va venir enlever l’écorce sur la zone brûlée en respectant une fenêtre de découpe de 10-15 cm de large et 10 à 50 cm de long (en fonction de l’état de l’arbre, de sa hauteur, son diamètre….). On récupère alors cette écorce dans un panier, et l’on place directement un tissu absorbant rectangulaire sur toute la zone découpée.


         


• Durant 20 à 22 jours, le tissu va absorber le Baume Pérou. On va ensuite le récupérer pour en mettre un nouveau, durant 20 jours.

• L’écorce retirée et les tissus imbibés sont alors amenés à la maison du producteur principal où se trouve la presse (pas tous les producteurs ont une presse, ils utilisent celle des plus gros producteurs).



• Les tissus imbibés ainsi que l’écorce en copeaux vont être pressés par un mécanisme d’enserrement, tout en versant de l’eau bouillante dessus. L’eau mélangée au Baume Pérou va ensuite s’écouler et être récupérée, avant d’être séparée pour ne récupérer que le Baume odorant.



○ Les cueilleurs

Les jeunes commencent dès l’âge de 12 ans, en enlevant les tissus situés en bas des troncs d’arbres et en assistant leurs aînés. À partir de 16 ans ils s’entraînent à monter aux arbres et manier les harnais durant 1 à 3 ans, avant de devenir des récolteurs confirmés et pouvoir récolter à temps plein le baume Pérou.


         


Lorsque j’ai visité la plantation, le jeune homme qui était en train de récolter le Baume avait tout juste 18 ans, et montait pieds nus à 10 mètres de haut sur le tronc à l’aide d’une corde entourée autour du tronc et accrochée par une boucle au crochet situé sur son harnais. Il portait un sac en toile à sa taille afin de récolter les tissus imbibés et l’écorce de l’arbre.

Ils récoltent de 7 heures du matin à 16 heures, et passent sur 25 à 30 arbres en une journée. En revanche ils ne montent pas aux arbres lorsqu’il pleut, les troncs glissant trop et pouvant amener à un accident. Cependant, les accidents sont généralement dus à des brûlures ou à des coupures mais très rarement dus à une chute.



Description odeur Baume Pérou

Lors de la découverte de cette forêt, je me suis approché de ces tissus imbibés de baume Pérou à l’odeur puissante. Il se dégageait alors un parfum baumé vanillé, avec des notes métallique et verte très présentes. Venait ensuite une note encens pyrogéné légèrement plastique, avec également des facettes épicées cinnamiques et d’eugenol, rappelant un peu la racine de Decalepis. Enfin, je pouvais percevoir des notes de caramel et d’olive verte.



Description olfactive du Baume : Vert, métallique, vanillé, piquant, encens, brûlé pyrogéné, plastique, caramel, olive verte, épicé cannelle + eugenol, Decalepis

Le producteur m’apprend également que les graines dans l’arbre contiennent une petite quantité de balsam et que l’on retrouve les caractéristiques olfactives décrites ci-dessus. Elles sont utilisées en médecine, ingérées sous forme d’infusion.


Utilisation du Baume Pérou



La résine obtenue par la presse des tissus imbibés de Baume Pérou est récupérée et amenée à l’usine de Nelixia dans le sud du Guatemala, pour y être filtrée. On procède également à des mélanges de différents lots, afin d’être toujours au dessus du taux minimal de cinnamate de benzyle.

Le résinoïde et l’huile essentielle du Baume Pérou vont être produits directement par les entreprises qui rachètent la résine à Nelixia.

On peut également trouver l’huile essentielle de Cascarilla : elle est produite à partir de l’écorce brulée de l’arbre retirée avant de placer les tissus qui imbiberont la résine.



Cette première écorce est aussi récupérée et vendue pour une utilisation quotidienne par locaux au Salvador. En effet, les Salvadoriens font brûler ces copeaux d’écorce à l’extérieur de leurs maisons, afin d’éloigner les insectes (notamment les moustiques) et pour purifier l’air. Lors de ma venue au Salvador, je logeais dans une Guesthouse chez des locaux, et j’ai ainsi pu sentir se dégager dans l’air une note fumée vanillée et baumée, avec des facettes épicées, métallique et d’encens. Cette odeur addictive m’a directement mis dans l’ambiance, avant même d’aller à la rencontre de cette matière première incroyable, dans les forêts de Peru Balsam !


**Merci à Solène Bourquin, qui m’avait accompagné voir les producteurs de Peru Balsam, pour m’avoir donné la plupart des photos de cet article, suite à la perte de toutes mes photos lors d’une agression dans un bus local au Guatemala**

6 thoughts on “Le Baume Pérou – El Salvador

  1. Merci pour cet article très interessant
    C’est incroyable cette technique pour récupérer le baume ; elle a dû être initialisée accidentellement, pour le brûlage, puis peaufine avec le temps !
    Merci a Solène pour les belles photos

  2. Bonjour Théo,
    Je viens de découvrir votre site internet.
    Merci pour ce partage extraordinaire, débuté à deux et désormais continué par toi seul.
    Les photos sont magnifiques, autant que l’est le fond de l’article. J’ai pris beaucoup de plaisir à sa lecture, à découvrir les procédés d’extraction, les personnes impliquées et la culture locale, aussi. Tout ceci est immersif et m’a donné l’impression de sentir ce baume comme si j’y étais. Merci beaucoup pour cela.

    La première phrase  » le Salvador est l’unique pays producteur de la résine de Baume Pérou dans le monde  » m’a impressionnée, puis m’a fait me demander… pourquoi ce baume est dit « du Pérou », alors ? Je terminerai donc mon commentaire par cette anecdote rapidement trouvée : le baume du Pérou est dit du Pérou simplement parce qu’il était autrefois exporté via le port Callao, situé du Pérou. (Source: Wikipédia).

    Très bonne continuation et bons voyages. Faites attention à vous et profitez bien pour nous, vos lecteurs, aussi svp !

    1. Bonjour Anne, un grand merci pour votre beau message et pour votre retour sur cet article !
      Également, merci pour cette anecdote !

  3. bravo pour ce magnifique blog et ce périple incroyable ! merci de nous faire rêver ! bonne année Théo !

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