Les odeurs du désert


16 Février 2020, Jaisalmer

Nous prenons la route à bord d’une Jeep pour une grande aventure de 4 jours : un trek dans le désert du Thar.

Au programme, un dépaysement total et une pause méditative loin de l’effervescence des villes au milieu des dunes et du silence. A plusieurs kilomètres de là, notre guide Roja nous attend pour nous emmener dans ce voyage à trois, enfin plutôt à cinq car deux dromadaires nous tiendront compagnie tout le long du parcours. Notre souhait était d’aller loin des zones touristiques car oui, même dans le désert, il y a des dunes remplies de monde venu là pour y passer une nuit et repartir. Nous voulions une expérience plus immersive, c’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix de partir plus longtemps et plus loin que les activités normalement proposées. Et nous n’avons pas été déçus !


10h - L'arrivée dans le désert


La jeep nous dépose au milieu de nulle part. Ce que l’on voit à l’horizon: une étendue à perte de vue de désert et là, au beau milieu, notre guide avec ses deux dromadaires.

Nous chargeons l’équipage des denrées alimentaires achetées au marché juste avant, Roja nous coiffe d’un turban savamment noué et nous voilà parti pour une marche de plusieurs heures au milieu de ces terres arides. La chaleur étouffante vient réchauffer la peau des dromadaires, ces animaux chargés de couvertures poussiéreuses diffusant une odeur animale et fécale. L’odeur de peau de bête se mêle délicieusement bien avec l’enveloppant parfum du sable brûlant. L’air est chaud, sec et minéral. Notre nez s’accroche volontiers à quelques odeurs de buissons ici et là.


12h - Le repas bien mérité


Il est temps de nous arrêter à l’ombre d’un grand arbre. Nous soulageons l’attelage de son équipement et plaçons d’épaisses couvertures sur le sol ombragé. Peu habitués à d’aussi intenses températures, nous nous allongeons nonchalamment sur ces lits de fortune. Pendant ce temps là, notre guide s’affaire à préparer le repas et nous invite à nous reposer car lui, disait-il, était habitué à ces conditions extrêmes et se reposerait cette nuit.

Quelques minutes plus tard, des odeurs de gingembre frais nous montent au nez, Roja était en train de préparer un chaï au gingembre. Même au fin fond du désert, la tradition du chaï perdure. Le déjeuner ne pouvait pas commencer sans un bon chaï. Roja nous sert deux tasses fumantes de ce thé épicé et nous voilà alors dans le confort le plus total : la chaleur est totalement supportable sous ce bel arbre, nous sommes assis confortablement et nous avons la meilleure des boissons entre les mains.
Nous attendons alors avec impatience la suite des festivités. Au menu, des légumes épicés accompagnés de riz et d’un chapati. Un vrai délice.


14h - La pause est finie


Une fois repus, il est temps pour nous de reprendre la route en direction de la dune sur laquelle nous passerons la nuit. Nous chargeons de nouveau le cortège et nous repartons pour trois bonnes heures de marche. Durant notre dédale dans ce décor desséché, nous croisons un petit village composé de quelques maisonnées et d’un élevage de chèvres renvoyant une odeur très crésolique dans l’atmosphère.


17h - Ascension de notre première dune


Sur cette étendue de paysage dénudé se découpe une belle dune de sable flamboyante. C’est là que nous passerons la nuit, à l’abri du vent, dans le creux d’une de ses arabesques. Le soleil commence à affleurer l’horizon et les ombres qu’il crée sur le sable révèlent un beau spectacle. Nous installons notre campement, et préparons le feu en récoltant quelques branchages de buissons séchés.
Il est temps de préparer le repas avant que la nuit tombe. Ici, lorsque le soleil est couché, il fait nuit noire, on peut apercevoir au loin une vague lueur provenant des villes mais rien de plus. Cette absence de pollution lumineuse révèle alors un ciel étincelant d’étoiles. Le plus beau que l’on ait jamais vu. La voie lactée dessine une traînée argentée de part et d’autre du ciel et de nombreuses étoiles filantes animent la voûte céleste.



Nous nous retrouvons autour du feu avec Roja, la nuit est tombée mais nous sommes équipés de lampes frontales. Les braises dansent au gré de la brise et révèlent une délicate odeur musquée-rosée provenant des rameaux de buissons se consumant. Cette odeur de rose alternant avec un aspect ail-diméthyle sulfide nous fait penser à un encens utilisé dans les temples. Nous savourons notre dîner à la chaleur du brasier, les températures ont vite chuté et il est bon de déguster ce bon plat chaud et épicé. Une imposante odeur de cumin émane du plat se mariant à l’odeur torréfiée du chapati cuit au feu de bois. Nous partageons une soirée très animée avec Roja, il nous raconte ses aventures, sa culture, son village, il nous parle de ses rêves. On rigole, on chante, on partage de grands moments d’émotion.


20h - Un repos bien mérité

Le feu s’éteint tranquillement, le silence est maître et une ambiance paisible règne dans le désert. Nous nous installons sur d’épais édredons disposés sur le sol et n’oublions pas de bien nous couvrir sous deux couches de couvertures car loin du feu la froideur de la nuit se fait bien ressentir. Il est difficile de fermer les yeux tant la féerie du spectacle offert par le ciel est belle. Malgré tout il ne nous faudra que quelques minutes pour trouver le sommeil après cette journée riche en découvertes. Nous nous endormons bercés par l’envoûtante odeur de feu de bois et la fraîcheur minérale du sable refroidi.



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